Le Togo aux urnes pour l’élection présidentielle

Quelque 3,2 millions de Togolais étaient appelés aux urnes jeudi pour une élection présidentielle test pour la démocratie dans le pays. Le scrutin oppose le sortant Faure Gnassingbé, fils de l’ancien homme fort du Togo, Eyadéma Gnassingbé, à six candidats de l’opposition.
Faure Gnassingbé, 43 ans, a voté à Lomé entouré de gardes du corps. « Si le peuple veut de moi, je gagnerai », a-t-il déclaré. Le président sortant espère asseoir sa légitimité après les accusations de fraudes et les violences meurtrières qui avaient marqué son élection en 2005.
Son principal rival, le député Jean-Pierre Fabre, 57 ans, candidat de l’Union des forces de changement (UFC), a de son côté averti que les Togolais ne laisseraient pas le parti au pouvoir voler l’élection. « Je veux que les gens qui pensent qu’ils peuvent jouer avec nos résultats électoraux fassent très attention », a-t-il déclaré à la presse en sortant de l’isoloir. « Le peuple ne l’acceptera pas.

M. Fabre a prédit que des dizaines de milliers de personnes manifesteraient dans la rue à la manière de la « révolution orange » de 2004 en Ukraine en cas de fraude électorale. En 2005, des violences avaient fait au moins 400 morts après l’annonce des résultats contestés.
Durant la campagne, Faure Gnassingbé a cherché à se démarquer de son père, qui assassina en 1963 le premier président du Togo, Sylvanus Olympio, avant de diriger le pays à la tête d’une dictature militaire. Il a ainsi fait disparaître son nom de famille de ses affiches électorales, ainsi que le symbole du Rassemblement du peuple togolais (RPT), le parti de son père, qui est aussi le sien.
Gilchrist Olympio, fils du président assassiné et figure de proue de l’opposition, avait été exclu du scrutin en 2005. Cinq ans plus tard, il a été de nouveau empêché de se présenter, la commission électorale lui reprochant de ne pas avoir rempli correctement un certificat médical. Jean-Pierre Fabre a été choisi pour porter les couleurs du parti présidé par M. Olympio, l’UFC.
Revenu ce week-end au Togo pour soutenir Jean-Pierre Fabre, Gilchrist Olympio a été accueilli par des milliers de partisans. De son côté, Faure Gnassingbé a tenu peu de meetings à Lomé, la capitale, préférant les déplacements en province à bord de son hélicoptère présidentiel.
Ses affiches électorales sont omniprésentes et son spot de campagne a été diffusé en boucle à la télévision publique. Il a dépensé beaucoup plus d’argent que l’opposition dans la campagne, et a été accusé d’en avoir distribué à des organisations de jeunesse pour créer des groupes de soutien.
A la mort de son père en 2005, l’armée l’a installé au pouvoir et a organisé une élection présidentielle entachée de fraudes généralisées, selon les observateurs internationaux. Jeudi, plusieurs centaines d’observateurs, dont 80 de l’Union européenne, devaient évaluer la régularité du scrutin.

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